Ecrimagineur

Je suis heureux de vous accueillir dans mon blog ! Vous y trouverez des textes, de la poésie, des souvenirs de vadrouilles et de voyages intimes, que j'ai écrits, seul ou dans un atelier d'écriture, depuis 2001... J'ai pour sujets d'inspiration un thème imposé, un texte, une photo, un tableau, une musique, ou un morceau de mon existence...
Les "Ecrimages" sont les résultats de ces rencontres entre la lettre et l'image...
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Loïc

samedi 25 février 2017

Le cri.

Le cri.

On lui avait pourtant dit, pourtant, au Fernand, de ne pas sortir… Mais son fils avait tant envie de cette formation à l'école maritime. Il avait rêvé du noble métier de marin-pêcheur, il adorait tout ce qui touche de près ou de loin à la mer.
Le ciel était mauvais, pourtant, on le lui avait dit, à Fernand. Mais Joël avait déjà fait son sac, préparé sa plus belle tenue du dimanche, celle qu'il ne porterait plus par la suite que pour les obsèques dans la famille, la petite, ou la grande, des marins du petit port.
Le ciel était mauvais, très mauvais. Mais il se devait, s'était promis, d'aider Joël à bien démarrer dans la vie, à ne pas être gêné devant ses camarades, à tenir son rang. Il aurait tout le temps de rembourser, après quelques bonnes sorties en mer.
Les femmes et les hommes, "réunis séparément", selon la coutume, devisaient tête penchée ; leurs mots étaient rares et pesants.

Joël avait appris, par les attroupements dans les rues. Il était resté de marbre, blanc comme un linge, comme les robes de sa mère et des autres femmes. Immobile, il avait écarté les bras, levés vers le ciel, l'air hagard.
Et le cri. Un hurlement bestial, nourri d'épouvante et de douleur mortifère, avait jailli de sa gorge, du plus profond de son être, interminable, secoué de râles étouffés. Puis s'éleva une longue plainte, qui quémandait, qui suppliait. Il criait à l'aide, au secours, appelait d'une voix misérable au soutien de la communauté et à la solidarité maritime.
Le jeune homme était resté un long moment à genoux, le front contre le sol, totalement immobile, puis s'était levé, très lentement. Il semblait vouloir donner à son mouvement la mise en scène la plus noble et la plus sincère possible.
Il lui devait bien ça, au père.

Loïc, sur un sujet de l'atelier Miletune.

7 commentaires:

Anonyme a dit…

La vie est un rêve qui nécessite parfois le sacrifice de ceux qui nous aime et, quand le destin frappe on reste meurtri et hébété. La mer est une amante très cruelle
Amicalement
Claude

Tizef a dit…

"La mer n'est pas méchante" disait Jacqueline Tabarly ...

aimela a dit…

Le pauvre Joël s'en voudra toujours du sacrifice de son père . Bonne journée

Tmor a dit…

Vaste sujet que le cri. Criant de vérité ton texte.

les Caphys a dit…

c'est superbe tout simplement ! Et si vrai

Tizef a dit…

Un grand merci, "Caphys" ! j'en rougis, tiens ... !

Jeanne Fadosi a dit…

un texte superbe comme un cri que dire d'autre