Ecrimagineur

Je suis heureux de vous accueillir dans mon blog ! Vous y trouverez des textes, de la poésie, des souvenirs de vadrouilles et de voyages intimes, que j'ai écrits, seul ou dans un atelier d'écriture, depuis 2001... J'ai pour sujets d'inspiration un thème imposé, un texte, une photo, un tableau, une musique, ou un morceau de mon existence...
Les "Ecrimages" sont les résultats de ces rencontres entre la lettre et l'image...
Je serai ravi de lire vos commentaires : Merci !
Loïc

vendredi 29 septembre 2017

Que sont ces instants devenus ?

Que sont ces instants devenus ? …

Toute notre famille a pris le trolleybus jusque l’autre bout de la ville, puis, après une marche assez longue, nous avons pu nous installer sur le sable de la plage de Sainte-Anne du Portzic, entre Brest et le Conquet. Après un délicieux cocktail de sauts dans l’eau, de plongeons, de « celui qui arrivera le plus vite sur le ponton », de concours de châteaux de sable, et le sacro-saint bain de soleil, c’est déjà le retour.
Et voici, aujourd’hui, le cadeau : Bien que connaissant, bien sûr, notre réponse, Papa et Maman nous proposent une petite fraîcheur au petit café, celui où les glaces sont si belles.
Papa s’approche d’un gros coffre au dessus transparent, rutilant et scintillant  de couleurs multicolores. Nous nous approchons et il proclame de manière solennelle, les yeux aussi écarquillés que les nôtres : « C’est un juke-box ! »
Après l’instant de la découverte, il va falloir évidemment l’essayer.
Papa, royal, glisse une pièce dans une fente, et appuie sur plusieurs boutons (il cherche bien pour ne pas se tromper, il vérifie que tout est bon, sur un tableau éclairé de bonbon) … Et un curieux manège de barres, de roues dentées, de pinces de robot, s’agite derrière la vitre. Un petit disque « 45 tours » surgit, se pose, et … Bourvil vient nous susurrer « Salade de fruits, jolie, jolie, jolie, tu plais à ma mère, tu plais à mon père, un jour ou l’autre il faudra bien qu’on nous marie … »
Un silence impressionnant s’installe, presque incongru dans un équipage d’enfants. Jamais entendue, celle-là ! (Nous n’avons pas encore la radio, à la maison).
Nous dégustons, sirotons ce moment, chacun s’est laissé glisser avec jouissance dans son ailleurs personnel. Je n’ai pour ma part prêté attention qu’à l’expression « salade de fruits », le reste viendra plus tard … L’expression, oui, et la musique si douce.
Cette chanson du début des années soixante, aujourd’hui, vient parfois me titiller : les tables en formica, les chaises aux dos en tiges de plastique (on peut même y jouer de la guitare !), les posters sur les murs, Claude François, Gene Vincent, Vince Taylor, les cendriers jaunes Ricard plâtrés à l’intérieur contre la fauche, et la paille du limonade-grenadine, le sirop magique de mon enfance … Tout cela, je ne les prêterais pour rien au monde : Ce sont MES madeleines !
Loïc

Un moment de plénitude ...




Suave, Cette chanson m’entraîne tendrement 

dans les longs méandres

d’une méditation calme, apaisée, délicieuse.

Des charmants personnages m’entourent : 

Le joli sourire avenant de la jeune fille,

puis celui du loup, étonnamment bienveillant et accueillant.

La bonté et l’empathie des deux visages 

se confondent à présent. 

Un rêve psychédélique, si bon …

Une senteur sucrée se dégage des buissons sans épines, complice du merveilleux enchantement.

Loïc

mercredi 27 septembre 2017

Insolite ? Oui, c’est le paradis !





Les teintes les plus vives se prêtent à nos regards, se chargent de peindre en couleur gaieté les murs blancs et nous invitent à nous envoler, ou mieux à naviguer vers les paradis.

Sur un des tableaux , une île, toute petite, humble, déserte.

Mais soudain, lorsque l’enfant paraît, souriant, un groupe bigarré et un peu grotesque surgit derrière lui, et entame une chanson.

Tout de jaune vêtu, Casimir court vers moi, dégoulinant de gentillesse et de barbapapa, et me couvre de baisers, tandis que l’hymne de l’île aux enfants emplit l’espace …

lundi 25 septembre 2017

Moi, j'aime pas le jaune.


- "Dis voir, Jop, t'as pas vu çui-là ? I' sort d'un cirque, ou quôa ? ou d'un théat' ? à qui c'est qui qu'il va faire croire qu'il est comédien ? même son air méchant, c'est faux ! et c'te jambe de bois ... Regarde mieux, don' : encore un qui ruse pour se mouiller la glotte sur le taf ! Mais regarde, j'te dis : c'est une jambe de chinois !
- Oueille, toi t'as 'core mis ton nez d'dans ...
- Dans son sac, j'te dis, une jambe de chinois ! une boutanche de pastis, si tu veux.
- Pitain d'bordel, mais m'en fous, moi, j'aime pas le jaune. Alors, ça m'fait une belle jambe ..."


Un journaliste bressois s'adresse à vous en brestôa :


Signé : Tizef, oeuf corse. sur un sujet proposé par les Croqueurs de mots

vendredi 22 septembre 2017

Je vis, mais ... qui suis-je ?

JE VIS

Je vis partout où on me laisse une place pour m’insérer,

et on ne se gène pas pour m’ouvrir grand les bras, 

pour un accueil hypocrite.

Je suis dominatrice, souvent tueuse.

De là où je suis, je distingue une agitation sourde, impalpable. Je vois, au travers d’un épais brouillard, des lumières floues qui s’approchent. Elles zigzaguent de droite et de gauche, semblent chercher quelque chose ou quelqu’un. Elles envahissent l’espace, elles hypnotisent.

Je prends le commandement. J’interdis de réfléchir ; je ferme l’accès à la halte, à la réflexion, à toute pensée. Je n’admets aucun compromis, j’annihile, je phagocyte, je dévore toute velléité, ronge toute volonté. Je paralyse. J’en ressens une volupté céleste.

Je suis celle qui a toujours tout envahi, en priorité les coeurs des hommes, celle qui les a menés à l’injure, à la négation de l’autre, au mépris, à la haine, au crime, à la guerre. Incompréhensions, barrières, violences.

Un jour viendra, où je serai vaincue. Je l’espère, le veux, fatiguée de tous les ravages que je provoque ; fatiguée de subir moi-même mes attaques et de ressentir de plus en plus douloureusement que, moi aussi, je baisse la garde devant elle. Je suis gagnée par … la peur.

Loïc

mercredi 20 septembre 2017

JE SAIS

Je sais que je ne sais pas grand-chose
Je sais que la vie est un tourbillon
Je le sais, elle tourne trop vite
Je sais que mes petits-enfants sont mon avenir
Je sais - je veux savoir - que je peux espérer
Qu'ils refonderont un monde plus vivable
Je sais que je sais reconnaître mes amis
Et que je peux compter sur eux
Je sais ce qu'est la vie

Je sais que tu sais que je le sais                              Loïc R., pour l'Ecume des mots

dimanche 17 septembre 2017

Je voudrais te faire partager, mon ami, une belle visite : J'ai pu enfin explorer le moulin du Chef-du- Bois : Une merveille !

Tous les sens sont y sollicités : Odeurs du feu de cheminée, des poutres humides, spectacle des flammes, qui réchauffe le cœur, caresse du vieux bois dans le moulin, à paroles celui-là, qui en aurait à raconter, craquement perpétuel au charme si reposant. On ne m'a pas roulé dans la farine, c'est vraiment le moulin de mon cœur !

J'ai contemplé les alignements des moulins de Hollande. J'ai entendu le grand Jacques qui dans le vent s'est perdu. J'ai vu Don Quichotte de la Manche faire leur affaire aux moulins.

Me voici revenu sur terre, mais pour combien de temps ? ... Ce moulin m'a envoûté.

À plus tard, je t'attends pour une autre visite, ensemble cette fois.

Loïc

vendredi 15 septembre 2017

Que va-t'il devenir, ce moulin ?


Que va-t'il devenir, ce moulin ? Comment le mettre en valeur ? ...

Le représentant des Bâtiments de France se tourne brusquement vers l'architecte, et s'exclame :
- "Mais cette construction a une valeur inestimable, monsieur ! et vous osez suggérer d'en faire un restaurant ?
- Oui, c'est cela. Ou alors, je ne vois qu'une solution : la destruction totale.
- Comme vous y allez ... Remplacez-le par un parking, pendant que vous y êtes !
- Un parking ... tiens, tiens ... Euh, pour cela, il faudrait faire en sorte que l'on ait besoin de s'arrêter ici. Ou bien ... une discothèque ?
- Il en existe déjà une, pas loin.
- Alors, quoi ? ...
- Pourquoi donc, monsieur l'architecte, ne pensez-vous qu'à quelque chose de commercial, qu'à un immeuble de rapport ?
- Mais parce que notre époque le veut, les temps actuels sont ainsi faits ! J'imaginerais bien, pour ma part, une refonte intégrale : On couvre le toit de tuiles, pour faire "Sud de la France", ce serait joli; on peint les murs extérieurs d'un enduit jaune du plus bel effet, et on fait venir les touristes !
- Arrêtez, c'est de la folie douce !
- Bon. Enfin, bon ... Alors, on le démantèle, pierre par pierre, qu'on numérote, et on le reconstruit à l'identique, au bord de la mer, pour garnir une station balnéaire d'un bel élément décoratif. Autour, évidemment, un grand parc d'attractions, où la petite souris aux grandes oreilles noires trouvera son bonheur.
- Et moi, des Bâtiments de France, je vois ici un aménagement culturel. Non monsieur, ce mot n'est pas une injure. Bibliothèque, cinéma, ouverts à toutes les cultures, non ce mot n'est pas une injure, ouverts à tous vents. Un lieu intellectuel, et non ce mot n'est pas non plus un gros mot.
- Et le monsieur, là, qui est venu donner l'avis de sa famille, propriétaire, qu'est ce qu'il en pense ? Il faudrait peut-être lui demander son avis ?
- Ma famille et moi, nous n'hésiterons pas une seconde : respect de sa structure, reconnaissance d'un patrimoine intouchable, et métamorphose intelligente ..."

jeudi 7 septembre 2017

Hasard ?








sujet semaine 36/2017 sur Miletune- clic 
"Dis, toi, comment t'appelles-tu ?
- Erwan, pourquoi ?
- Moi, c'est Nolwenn.
- Tiens, ce sont des prénoms bretons, ça ! nous avons au moins cela en commun.
- Bof. Un hasard. Comme ces chemises de nuit : Normal, nous sommes dans le même centre d'accueil pour enfants ...
- Dis, j'ai lu dans ce vieux truc ...
- Arrête ! tu ne sais certainement pas lire.
- Si, je sais lire. C'est même toi qui m'as appris.
- Quoi ? C'est la première fois que nous nous voyons !
- Je me disais qu'il était temps de se bouger, de vivre, un peu. On s'encroûte, ici. Oui, je sais, je parle comme une grande personne. J'en ai rencontré beaucoup, par vouloir, par plaisir, ou par hasard. Alors, voici le texte sur lequel je suis tombé :
"Et pourtant, le destin, ou bien la vie, le hasard, l'amour -appelez ça comme vous voulez -, va se charger de les bousculer un peuLeur histoire, c'est la théorie des dominosmais à l'envers. Au lieu de se faire tomberils s'aident à se relever."
Ensemble, c'est tout (2004) de  Anna Gavalda
           - Dis, petite, tu nous crois concernés par ce truc ? Où es-tu allée chercher ça ?
- Je ne suis pas, justement, allée le chercher ! je l'ai trouvé, par hasard.
- Intrigant ... En tous cas, on se retrouve un peu, là-dedans, non ?
- Attends, on peut tomber sur d'autres citations, regarde : 
"Ce n'est point au hasard que doit se dessiner le voyage. A toute expérience humaine il faut un bon tremplin terrestre. Un logique itinéraire est exigéafin de partirnon pas à l'aventuremais vers de belles aventures."







"Équipée" 
Pékin aux marches thibétines (1929) de Victor Segalen



dimanche 3 septembre 2017

"D'hor bugale ..."




"Les gens", "le peuple", "la population brestoise", "les Brestois", "celui qui" ... Ces termes sont trop généraux, ou trop restrictifs, pour désigner les passants qui côtoient ce monument aux morts, émus, respectueux, ou indifférents.
Derrière la rangée d'arbres, un grand espace marque le centre de la ville : Avant la guerre "les Glacis"; puis "Place du Général de Gaulle", et enfin "Place de la Liberté". Un point de ralliement, un repère, pour beaucoup d'habitants. Mais aussi, en 2017, un repaire, de plus en plus fréquemment, pour les dealers de toutes espèces, et même pour les bagarres rangées ...
J'ai rarement entendu parler breton, à Brest. Seule une vieille dame (Mme Kersauzon, oui comme le marin), qui nous gardait parfois chez elle, nous chantait des comptines et des ritournelles, dans cette langue qui n'était pas ma langue maternelle. Elle n'a pas tenté de me l'apprendre, par contre je sais faire du tricotin grâce à elle !
Je demandai un jour à mon père ce que signifiaient ces mots : "D'hor bugale maro evit ar vro".
- "Regarde, c'est écrit de l'autre côté : "A nos enfants morts pour la nation."
J'insistai : -"Mais notre pays, alors, c'est la France, ou la Bretagne ?
- "La France, bien sûr !"
Trop compliqué, pour moi.