Ecrimagineur

Je suis heureux de vous accueillir dans mon blog ! Vous y trouverez des textes, de la poésie, des souvenirs de vadrouilles et de voyages intimes, que j'ai écrits, seul ou dans un atelier d'écriture, depuis 2001... J'ai pour sujets d'inspiration un thème imposé, un texte, une photo, un tableau, une musique, ou un morceau de mon existence...
Les "Ecrimages" sont les résultats de ces rencontres entre la lettre et l'image...
Je serai ravi de lire vos commentaires : Merci !
Loïc

jeudi 23 juin 2011

Acrostiche : "Bateau" ...



          Brumes voluptueuses de nos

 Amours-tempêtes,

 Témoins voilés de tes sourires irisés…

 Exaltation du goéland survolant le quai,

 Amer guidant la proue,

 Usurpation naturelle de la mer en floraison…


mardi 14 juin 2011

« Du vent dans la tête », ou « Avel fol » (le vent fou)...

Jean-Yves, l'instit-directeur d'école qui, semble-t-il, a toujours été là, au moins depuis Jules Ferry, arrive comme à son habitude sur son antique moto, récupérée par son père en 1945. Pas de porte-bagages, pas besoin de cartable, tout reste à l'école, et les cahiers sont corrigés, en fin de journée, lorsqu'il est revenu de sa virée habituelle sur la côte. « Ça change les idées... »
Sébastien, lui, est planté au milieu de la cour, jambes écartées, et se précipite vers la moto, saute au cou de Jean-Yves, un gros bisou, la journée peut commencer.
Trois personnes, ici, s'occupent de Sébastien : Marianne, la dame à tout faire. C'est tout dire. Elle fait absolument tout, sauf -exception notoire- la vaisselle du repas de midi, réservée, par tour de rôle, aux
« Cours MoyenS ». Jean-Yves, le directeur, est aussi , bien sûr, secrétaire de mairie, et rédacteur du petit bulletin municipal. Il gère aussi les réunions et la publication de la feuille de chou de l'Opposition. Son épouse, comme lui, sait à peu près tout ce qui se passe sur l'île : elle est la coiffeuse de l'île. Ils sont donc tous deux, un peu, confidents de ceux qui ne vont pas à confesse.
Moi, à Ouessant, je ne suis plus tout à fait un « doryphore ». J'enseigne pour la première année, et on m'a nommé sur l'île pour y préparer mon CAP... Je réside donc en insulaire, je ne suis plus le touriste d'il y a deux mois. Habitant à Brest, j'étais tout heureux lorsque j'ai reçu ma nomination à « Brest 5». Mais cette circonscription comprend aussi la commune d'Ouessant... Et en cette année où un certain caudillo Franco meurt interminablement, le temps est encore plus long lorsqu'on se sent en exil !
J'ai la « section enfantine » : une dizaine d'enfants en maternelle (tous âges confondus), et trois en Cours Préparatoire : c'est sur ces trois-là que Monsieur l'inspecteur jugera si je suis apte... ! Jean-Yves, lui, a tous les autres élèves de l'école.
Sébastien a sept ans. Il n'est ni en section enfantine, ni en cours préparatoire. Dieu seul sait où il est. Lorsque nous sommes sur la cour, il erre en faisant de grandes enjambées, s'accroupit parfois, gratte la terre, la mange ... Il se relève, lève la tête, observe le ciel pendant de longues minutes, ses yeux roulent, son regard accroche de temps en temps un autre enfant qui passe, il peut rester ainsi durant toute la récréation. Presque sans arrêt, il chantonne : « auprès de ma blonde, fait bon , fait bon, fait bon ». Ce sont strictement les seuls mots que
je l'ai entendu prononcer. Jean-Yves et moi, souvent, le faisons s'asseoir sur les marches, entre nous deux, et tentons d'avoir un contact... Mais nous ne sommes manifestement pas du même monde.
Régulièrement, en classe, Sébastien « fout son bordel », comme disent les autres enfants. Les autres enfants, ils parlent comme leurs parents.
Le père, le plus souvent, est en mer, dans la Marchande. La mère, comme souvent dans les ports, s'occupe de tout à la maison. Jean-Yves lui a souvent expliqué, à la mère, que Sébastien serait bien mieux sur le continent, où on s'occuperait de lui dans un endroit spécialisé... Mais il n'en est pas question. En 1975, on ne quitte pas l'île si facilement. Et il serait en pension, vous vous rendez compte, à sept ans : je ne veux pas l'abandonner... Et si vous ne le prenez pas, il ira à l'école des Soeurs, pas d'autre solution.
À Ouessant, en 1975, 45 élèves à « l'école du Diable » (l'école publique ), 250 à l'école Sainte Je-ne-sais-plus-qui. Alors...
Quarante ans plus tard, où es-tu Sébastien ? Qu'es-tu devenu ?
As-tu réussi à apprendre autre chose que « Auprès de ma blonde » ?
Dérision.
« Du vent qui passe dans sa tête, en courant d'air continu entre les
deux oreilles, sa mère lui avait toujours dit ».

lundi 13 juin 2011

"Tous seront brûlés durant l'année" ...

Le beau temps aidant, nous avons fait prendre à notre camping-car le grand air, sous la forme d'une escapade dans le pays de mon enfance : la côte nord du Finistère. Voici, à gauche, un diaporama sur un thème qui m'est cher, la lumière, et particulièrement celle que nous pouvons trouver dans les églises. Il s'agit ici de la basilique Notre-Dame du Folgoët, à quelques encablures de Lesneven. Aux abords de cette merveille, nous avons "taillé un bout de gras" avec le "monsieur chargé des cierges" (dois-je dire le bedaud, ce mot ne lui convient pas !), et avec les dames "fleurissement" : Toutes nos félicitations, Mesdames ! Mais pour la photo, c'est sûr, c'est non ? dommage !

jeudi 9 juin 2011

Pour me connaître un peu mieux ... (?)

« We are the champions » ou "auto-satisfaction'" ...

Je vais me satisfaire, au sens premier du mot, c'est à dire me
contenter, de choisir, très arbitrairement, les deux sens que l'on donne
habituellement au mot « champion ».

Donc, je suis un champion, au sens grec, je suis un représentant. Je
représente une version, parmi tant d'autres, de cette variété animale,
dite « homme », de sexe masculin et d'âge moyen, vivant au début du
XXI ème siècle.

Je suis marié, j'ai deux enfants, je suis donc le champion typique de
cette classe d'individus. En d'autres temps, une chanteuse à nattes,
championne, elle, de la médiocrité, aurait clamé que j'étais
le « petit garçon de champion moyen »...

Bon. Le champion de mon acabit, tel que défini ci-dessus par le sens
premier du terme, se devait bien sûr d'être également le champion dans
l'acception actuelle du mot, c'est à dire le meilleur, le hors-classe.
L'exemple qui nous vient immédiatement à l'esprit est évidemment, pour
en donner la définition, celui du champion qui crapahute sur ses
crampons, faisant le beau et le Dieu Pan devant les belles éplorées et
les hooligans, forcément abrutis.

Si vous avez compris cette définition du mot champion comme étant la
seule valable, vous faites sans doute partie vous-même de cette espèce
de champions, et vous n'êtes pas de mon monde. Moi, je suis champion de
l'inverse, champion de la contradiction, champion de la provocation. Je
suis celui qui ose (dans sa tête seulement, pour l'instant, si vous
permettez, car je suis aussi champion de la prudence) entrer dans un bar
pour proposer une lecture de textes de George Sand à des gars assis
devant un match de foot télévisé.

Je suis le champion des prises de tête internes, que je n'ai qu'avec
moi-même : Ainsi, je suis sûr d'être gagnant. Ou alors, si je suis
perdant, le champion que je suis a la décence et l'élégance de ne pas me
le montrer... Merci, Moi-même !

Je suis donc le champion de la tolérance, de la vérité intrinsèque, du
savoir absolu, de la Vérité, car je ne reçois de contradiction que de
moi-même.

Et encore... : seulement sur rendez-vous.


lundi 6 juin 2011

Jacques, de Compostelle


Les routes du Midi sont empruntées à longueur d'année par les "personnes en recherche" : recherche religieuse, dans le but d'approfondir sa foi, ou de retrouver une voie lorsqu'un coup dur a frappé ... Recherche, aussi, d'une spiritualité (même non religieuse), d'un ressourcement vers des valeurs simples et fondamentales. Saint-Jacques de Compostelle est présent, ici dans la cathédrale de Périgueux, accompagnateur souvent "miraculeux" pour celui ou celle qui désespère ou renonce ...

dimanche 5 juin 2011

Le "Petit Tour de France", à Quimper !


Un soleil comme on n'en fait pas (disent les mauvaises langues) en Bretagne, un bon millier d'enfants (de tout âge !), une grande dose de bonne humeur et de bonne volonté, un sérieux indéfectible pour les plus petits, avant d'affronter leur kilomètre (oui, au singulier) de parcours : La recette fonctionne à fond les manettes, à Quimper !
C'était le 2 juin, au bord de l'Odet, "la plus jolie rivière de France" ...
Et n'oublions pas le principal : la présence de deux vedettes de 7 ans et 4 ans, mes petits-enfants !

mercredi 1 juin 2011

Texte "impudique"


 C’est ma tante Madeleine, la soeur de Papa, qui m’a raconté, quand j’avais quinze ans… Maman, elle, n’aurait jamais évoqué ces choses-là devant nous. A l’époque, ça ne passait pas, ç’aurait été du vice… C’était un pêché, avait dit grand-père, après, quand il avait appris qu’on savait… Selon lui, on devait réserver certains sujets aux grandes personnes : la mort en faisait partie.
Nous habitions au premier étage d’un de ces immeubles « nouvelle vague » construits à la va-vite, à partir de 1946, dans la période de la « reconstruction » d’une ville qui avait été anéantie, rasée, pendant la dernière guerre. Dans les années cinquante, les travaux immenses n’étaient pas terminés, et les enfants couraient encore dans des ruines béantes que les bulldozers américains écrasaient, tassaient, pour que puissent s’élever ces bâtiments rectilignes, froids, anonymes, presque staliniens…
De temps à autre, papa rentrait de l’Arsenal, et annonçait, sèchement, d’une voix métallique : « Du côté de Quéliverzan, encore un, ce matin… ! » Une bombe U.S. non éclatée avait déchiqueté un gosse, ou une femme, qui passait là… et ça allait durer longtemps.
L’ « originalité » de notre appartement résidait dans le fait qu’il était situé juste au-dessus d’un bistro… Ce qui mettait évidemment de l’animation, en particulier le vendredi soir, jour de paie ! Mais mon père n’y allait jamais. Cinq ans d’Allemagne, quatre enfants et une épouse à nourrir, son éducation, tout cela imposait qu’il se contente de rentrer, le soir, et qu’il n’aille pas boire sa paie… Et puis, nous étions si bien, ensemble ! « Le grenier de Montmartre » à la TSF, quel délice ! Tous assis en arc de cercle devant le vieux poste en ébonite noire, oui, assis comme devant une télé ! Je me souviens d’une des dernières fois où j’ai entendu ce poste : l’émission avait été interrompue, et le « speaker » avait annoncé, d’une voix lugubre : « Le pape Pie XII vient de s’éteindre ». Et Papa avait entamé avec Grand-père une discussion à laquelle, en 1958, je n’avais rien compris…
J’adorais quand maman me confiait à Tata Kerso… Quand elle avait trop de lessive, par exemple, ou quand il lui fallait faire voir le petit frère au médecin…
Cette « tata » était une voisine, Mme Kersauzon, qui adulait les enfants, les chérissait, les chouchoutait, les gâtait, les pourrissait ! J’étais, j’en suis persuadé, son préféré. J’étais en effet le seul garçon à accepter (avec quelle joie !) de faire du tricotin, de démêler sa laine, d’écouter ses histoires interminables, mi-français, mi-breton…
Ce jour-là, j’avais deux ans, et il pleuvait sans cesse sur Brest. Un soir de janvier, gris, glacial, un de ces soirs où même le caban ne sert à rien après un quart d’heure, trempé comme une éponge…
Nous n’étions pas au dessus de « l’Abri de la Tempête », mais deux étages plus haut, chez une autre voisine. Papa – ce fut, je crois, le seul jour de sa vie – n’était pas allé à l’Arsenal, et avait effectué plusieurs trajets mystérieux, avec sa Juvaquatre que grand-mère lui avait payée après avoir gagné à la Loterie des Gueules Cassées… Nous ne l’avions pas vu de toute la journée.
Nous entendions tout de même les cris, les exclamations des marins et des ouvriers… De temps à autre, l’un d’eux sortait en titubant, puis attiré comme par un aimant, se ruait de nouveau dans le bar, trempé de pluie et de bière. Les marins, eux, devaient veiller à ne pas tomber sur le passage de la patrouille maritime, car c’étaient alors les coups de matraques qui pleuvaient !
Ce n’était certes pas la première fois que nous allions chez cette voisine. Mais j’étais, paraît-il, vaguement pensif, « perdu dans mes pensées » avait dit Tante Madeleine, surtout lorsque nous allions « en ville » voir Hervé, notre petit frère, qui gémissait dans un berceau, au fond d’une grande chambre d’hôpital, jaune, sale…. Et puis, Maman, où était-elle ?
Une Peugeot s’approcha, silencieuse, et vint se garer discrètement le long du trottoir. Les essuie-glaces battaient à toute vitesse, chassant à grand peine les trombes d’eau.
J’aimais, quand j’eus l’âge de m’intéresser aux voitures, ce modèle, que j’appelais «  la voiture qui louche »… car cette Peugeot (102, je crois) arborait une calandre très étroite, qui protégeait deux phares tout rapprochés, comme des yeux…
Le Docteur Kerbras (oh, que je ne l’aimais pas, celui-là !) sortit et claqua sa portière, protégeant de son mieux sa vieille sacoche, et secoua son pardessus et son chapeau à la Léon Blum, avant de s’engouffrer dans l’entrée, provoquant un soudain silence dans le bistro. On le connaissait, même si on ne l’y voyait pas souvent…
Nous entendîmes les pas précipités du médecin dans l’escalier, tandis que Papa arrivait lui aussi. Ils entrèrent en même temps, Papa serrant dans un linge les petites affaires d’Hervé.
Notre père nous annonça : « Maman reviendra dans quelques jours à la maison, les enfants; elle est très fatiguée… ». En réalité, elle avait craqué, depuis deux semaines, et errait, fantôme en pleurs, dans les couloirs d’un autre hôpital.
Quelques minutes après, le médecin expliquait à mon frère aîné qu’il n’avait rien pu faire, que l’ « hernie étranglée » avait évolué trop vite, et qu’Hervé était sans doute heureux, là haut.
Et, en bas, ce vacarme de verres, de beuglements…

J'ai écrit plusieurs des textes que je "publie" ici  pendant une période très difficile de ma vie. Ces textes sont en partie romancés, enjolivés ou au contraire dramatisés, selon mon ressenti du moment. Ils ne peuvent donc pas être considérés, à la lettre, comme une sorte d'autobiographie (mais ... en grande partie, tout de même !). Les personnes concernées (particulièrement les membres de ma famille, bien sûr) sauront faire la part des choses, et même (merci à eux !) me faire parvenir leurs précisions, leurs corrections, et leurs commentaires.