Ecrimagineur

Je suis heureux de vous accueillir dans mon blog ! Vous y trouverez des textes, de la poésie, des souvenirs de vadrouilles et de voyages intimes, que j'ai écrits, seul ou dans un atelier d'écriture, depuis 2001... J'ai pour sujets d'inspiration un thème imposé, un texte, une photo, un tableau, une musique, ou un morceau de mon existence...
Les "Ecrimages" sont les résultats de ces rencontres entre la lettre et l'image...
Je serai ravi de lire vos commentaires : Merci !
Loïc

samedi 26 mars 2016

Bruxelles / Paris


Bruxelles / Paris

Amour-hésitation,
Hésitations,
Entre les deux mon cœur balance ?
Naissance, racines,
Mais vraie vie, culture ;
Paris ma maîtresse,
Bruxelles ma mère.
Puis combats internes, nébuleux,
Fiévreux, débats entre moi et moi,
Le Choix, impérieux ;
Elans, virements de cap,
Autre ailleurs, autre ton,
Blessures à vif,
Abandons et remises aux calendes
Des nouveaux espoirs.
Prendre la bonne dérive.

samedi 19 mars 2016

Quelle connerie la guerre ... (Jacques Prévert)



Voici un diaporama, trouvé sur Youtube, de photos du Vieux Brest, 
qui parlerait bien à nos parents et grands-parents ... 
Nos ancêtres évoqueraient pour nous nos oncles ou tantes qui apparaissent ici, devant le bassin du château, ou, en culotte courte, ou promenés dans une poussette, ou ...
Puissent des mémoires encore bien valides faire revivre ces images de lieux, de moments, 
si agréables aux yeux de mes parents. 
Puissent aussi ces précieuses mémoires ne pas oublier la destruction 
de cette ville-martyre, 
le berceau de leur enfance.
Nos familles cherchaient des refuges dans de dérisoires abris, tandis que nos pères assistaient, impuissants, en Allemagne, à la réplique sur Hambourg ou Dresde.
QUELLE  CONNERIE  LA  GUERRE !

mercredi 16 mars 2016

Sur le marché de Fouesnant


      À Fouesnant (environ 9500 habitants), sur la côte sud du Finistère, la population est multipliée par sept durant les mois de juillet et août. Chaque vendredi un « grand marché » s’installe, réunissant en été des milliers de badauds.

     A l’Ecume des mots, ce matin, nous avons tout d'abord établi une liste alphabétique de vingt-six mots, ayant si possible (mais pas obligatoirement) un rapport avec le marché.

Nous devions ensuite écrire un texte en choisissant des mots de cette liste, ou en utilisant tous les mots, et même en utilisant tous les mots et en respectant l'ordre alphabétique. Voici ces mots :

Artichaut–bascule–couleur–distraction–entrée–fumet–goût–hareng saur–information–joyeux–kilos–lumière–minauder– nougat–Orange–prunes–quête–ressources–saucisse–tomates rouges–Yukulélé–vendeur–WC– xérès–Yamakasi–zut.

Même pô peur : je me suis jeté à l'eau en ... choisissant le troisième menu !
……………………………………………

     Encore des artichauts, j'en ai marre moi, « le trop est l'ennemi du bien », je te le dis souvent, pourtant, Josette. Alors, toutes les semaines…
     Et la danse du grand marché, celui de l'été, reprend de plus belle, lorsque ce légume a fait son passage sur la bascule.
     Cela commence à faire un bon moment que nous sommes là, et ce n'est certainement pas fini, car le caddie rouge n'est qu'à moitié rempli. « Tant qu'à faire le déplacement, on en prend pour toute la semaine » a-t-elle décrété.
Mais voyons le bon côté  des choses : toutes ces couleurs, de melons, de fraises, de salades variées, une belle palette, finalement. Cela constitue une bonne distraction, surtout lorsque l'on sait que les copains, à l'entrée du marché, ont abandonné leurs femmes, tirant sur leurs cigarettes en devisant sur les dernières nouvelles, locales et nationales.
Un fumet délicat se mêle soudain à l’odeur du tabac, ce qui, je le crains, risque de gâter le goût de la viande sur le barbecue. Cela m’est un peu égal, car aux grillades je préfère le poisson, et tout particulièrement le maquereau (chaud) et le hareng saur (froid, sur une tartine beurrée : à se damner !)
Au bout d'une allée, un groupe de non-commerçants. Eux sont sédentaires, et on commence à bien les connaître à Fouesnant, qui distribuent la bonne parole, avec toutes les informations qui l’accompagnent. D’un ton joyeux, moqueur, un quidam manifestement touriste, leur lance : « Ne restez pas là immobiles, voyons : vous allez prendre des kilos ! »
Une jolie jeune fille, à l'allure faussement négligée, le visage protégé par une large visière, car la lumière du soleil est aveuglante, se promène en se faufilant entre les chalands. Seulement lorsqu'elle se sent regardée, semble-t-il, elle minaude, se passe la main dans les cheveux, demande, pour la forme, la composition des nougats, leur teneur en sucre car elle ne veut pas grossir, surtout à cause des garçons. Il faut tout de même bien se nourrir : « Un sac vide, ça ne tient pas debout », lui répète souvent sa grand-mère. Alors, quelques oranges et des prunes, ça ira bien. Avec un yaourt.
Assis à l'indienne par terre, l’homme caresse un grand chien qui lui tient compagnie ; il tend la main, quêtant, le regard implorant ; Il a posé devant lui, à ses pieds, un panneau : « sans ressources ».
Mais les personnes présentes sont pour la plupart en vacances, et ont laissé chez eux les problèmes sociétaux qu'ils retrouveront toujours assez tôt à leur retour. C'est humain, non ?
Et la saucisse, dites donc, comme ça y va !. Excellente, allez-y, le mot se passe, le bouche-à-oreille circule à fond de train, et les charcutiers tournent à la vitesse V, c'est la razzia. Et avec des tomates rouges, bien poivrées, vous m'en direz des nouvelles, ma bonne dame !
Une musique de rue égaie un coin un peu retiré, une douce mélodie, à la guitare et au yukulélé, exotique, inhabituelle si près des Glénan.
Mais … une queue s’est formée, que se passe-t-il ? Je parviens à me frayer un chemin, avec curiosité : c'est la cabine de WC, implantée là chaque semaine. Près de cet édifice (un hasard ?) un vendeur se prétend œnologue averti et propose la dégustation d'un xérès… Il fait trop chaud, je risque gros, pas habitué. Je ne voudrais pas qu'on me voie m’exercer au yamakasi sur le toit de l'église toute proche…
Mais que fait-elle, enfin? Je ne vais pas passer la journée ici, moi ! 
Zut, alors !

mardi 1 mars 2016

Ah, ce Proust !



Ah, ce Proust … !

Il est rentré un peu plus tard qu’à son habitude, car aujourd’hui c’est jour de paie. Il débarrasse soigneusement la table de la salle à manger de nos livres d’école et du journal feuilleté ce matin.
L’acte sans nul doute le plus cher à ses yeux : il va procéder au cérémonial de la dépose mensuelle du fruit de son travail.
Mon père brandissait alors son bordereau, le portait au regard de ma mère, et, parfois, lui annonçait, menton levé : « Ce mois-ci, j’ai eu une prime ! » Il s’amusait ensuite, une fois ouverte l’enveloppe de papier Kraft, à en extraire un billet, le triturait, le froissait, le tournait et le retournait, à le soupeser, comme un lingot d’or.
Deux odeurs délicieuses exhalaient de ses gestes, celle du papier-monnaie, si particulière, et aussi le parfum du cambouis, imprimé définitivement dans les paumes de ses mains.
Même en retraite, bien plus tard, il tenta d’effacer les stigmates de son métier (qu’il n’appréciait pas forcément tous les jours) : Rien à faire, il serait mécano à vie ! mais, bien sûr, il n’en était pas peu fier !
Ces deux odeurs, indissociables de sa présence parmi nous, représentaient à mes yeux la plus belle leçon, sans paroles, sur l’importance de l’effort et de la valorisation du travail.
Puis, le rituel : Il étalait lentement ses billets, respectables comme des objets précieux, tandis qu’à voix haute nous comptions sa paie. Opération délicate, d’ailleurs, car en 1961 venait de naître le NF (nouveau franc) : Mais non, la paie n’avait pas baissé, expliquait maman, rassurante !
Ses yeux brillaient, quand nos applaudissions. Nous n’y manquions pas, à chaque fois. Pas de mots, il était plutôt taiseux, mais une si grande émotion …
Loïc