Ecrimagineur

Je suis heureux de vous accueillir dans mon blog ! Vous y trouverez des textes, de la poésie, des souvenirs de vadrouilles et de voyages intimes, que j'ai écrits, seul ou dans un atelier d'écriture, depuis 2001... J'ai pour sujets d'inspiration un thème imposé, un texte, une photo, un tableau, une musique, ou un morceau de mon existence...
Les "Ecrimages" sont les résultats de ces rencontres entre la lettre et l'image...
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Loïc

vendredi 21 octobre 2016

937, rue des Ménines



937, rue des Ménines


 J’ai visité ce quartier du vieux Madrid lorsque j’étais jeune, puis maintes fois au hasard de mes mutations et déménagements, quand j’exerçais au Service National desP.I.N.I. (Points d’Interrogations Non Elucidés).
Je tombe ce soir en arrêt, au fond d’un patio, devant ce qui ressemble à un grand écran de laboratoire … En pareil lieu, qui évoque l’ancien, l’odeur du bois antique, et le calme (ou même l’ennui). Je reste interdit à contempler une plaque blanche, saugrenue, anachronique, et me laisserait bien hypnotiser par la lumière crue, insolente autant que mystérieuse. Au bas de ce qui a été transformé en « boutique », un poteau rouge. Une bouche à incendie, pour les pompiers ?
Intrigué, je m’approche de la porte, translucide elle aussi, qui communique avec la pièce. Un numéro : 937, une adresse. Au coin, près d’un réverbère, un panneau « rue des Ménines ». Je devrais peut-être connaître, mais non. Au Service des P.I.N.I. on est professionnellement curieux, et même téméraire si nécessaire. J’ai donc bien sûr poussé la porte vitrée.
Rien. La salle est strictement vide, noyée dans un bain quasi insupportable de ce blanc cru, agressif. Mais une voix lointaine, soudain, derrière moi, une voix un peu chantante, douce et à la fois très fatiguée. Un souffle :
- Te voilà enfin, petit. Je t’attends depuis si longtemps … Regarde.
- Où suis-je ?
Son visage est invisible, camouflé sous une immense barbe. Ses vêtements sont d’un autre temps, un pan de redingote tombe sur le côté d’un fauteuil vermoulu.
-        Je lis ton incompréhension et tes questions. Mais regarde, te dis-je.
Un grand tableau couvre le mur entier, magnifique, époustouflant. Je reste figé, muet.
-        Tu t’interrogeais devant la plaque de rue au nom inconnu … « Les Ménines », c’est moi. Ou plutôt c’est – c’étaient – les servantes du roi d’Espagne. C’est moi qui ai posé cette plaque. C’est moi qui ai peint les vitres de cette teinte mystérieuse, qui laisse entrer juste la lumière nécessaire.
-        Vois-tu beaucoup de visiteurs ?
-        Jamais, tu es le premier. Mais ce n’est pas l’intérêt. Mon intention est de vivre avec les Ménines aussi longtemps qu’elles … Je me suis enfermé après m’être donné la mission de conserver cette toile, ma toile préférée.
-        Mais alors …
-        Oui, petit, tu peux m’appeler Diego, Diego Velasquez.
……………………………….


Les Ménines est un tableau de Diego Velasquez.
On peut remarquer que le peintre s'est représenté en train de peindre (à gauche). Dans le fond on aperçoit dans l'encadrement d'une porte ouverte le roi d'Espagne, père de l'infante (princesse). Cette porte ouvre sur un monde non visible dans le tableau: effet de mystère et de profondeur. L'effet de profondeur est rendu par les trois plans: l'infante et les ménines qui forment le premier plan; le peintre et les adultes qui surveillent l'infante, au second plan et dans le troisième plan des tableaux avec le roi d'Espagne. Les jeunes femmes corpulentes sont les ménines, c'est-à-dire les demoiselles d'accompagnement des princesses espagnoles. Ici ce sont des nains et des naines. 

Loïc, dans l'atelier d'écriture "Poudreurs d'escampette".

11 commentaires:

almanito a dit…

C'est excellent cette façon d'entrer dans le tableau et de remonter le temps. Le ton du récit nous laisse entrevoir une part de "vérité" sur la scène en même temps que tu la découvres.
C'est très inattendu et original, bravo!

LADY MARIANNE a dit…

j'aime beaucoup cette enquête mêlée à l'art et ce beau tableau !
l'inspecteur mène l’enquête de belle manière -
je prends ton lien pour le tableau du samedi chez moi-
bises amicales-

lavandine a dit…

J'aime bien ton explication du tableau...et ta façon d y arriver.
Bisous

Tmor a dit…

Dis donc t'e nrencontre toi des gens bien !

Mots de passage a dit…

Bonjour,
Une façon originale de nous présenter cette oeuvre.
J'en aime l'esprit.
Bonne journée
@mitié

Amande a dit…

C'est un tableau magnifique, et la présentation est originale et très belle, merci !

dom a dit…

Je ne suis pas fan de ce peintre mais j'aime ta façon de présenter son tableau.
Bon dimanche.
Bisoux, loïc

Tizef a dit…

Dom : merci et bravo pour ton ouverture d'esprit.

gazou a dit…

belle présentation et beau tableau !

Clara65 a dit…

Une idée très originale pour nous parler du tableau que je n'aime pas particulièrement d'ailleurs !
Bien amicalement.

emma a dit…

Quelle belle rencontre,une bien romanesque façon d'évoquer l'artiste !