Dialogue entre deux chanteurs.
–
Oh,
tais-toi toi donc, Edith ! Les gens n'apprécient en toi que tes
goualantes et ta voix qui impressionne !
–
Qu'est-ce
qui te prend, eh toi, l'abbé Brel ? Tu t'étonnes d'avoir du mal à
percer : Tes petites chansons bien-pensantes, ça ne casse pas trois
pattes à un canard ! Toi, c'est ton physique qui attire. Oui, ton
physique, ton visage taillé à la hache, et tes longs bras,
interminables, qui cherchent l'infini…
– Tu
verras, la Piaf, que mes bras seront bientôt assez longs pour faire
le tour du monde. Nous avons au moins cela en commun : nous adorons
les voyages !
–
Constates-tu
aussi, Jacques, que le monde est uniforme et que l'Homme (ou la
Femme) est partout rongé par les mêmes questionnements, et habité
par les mêmes joies, les mêmes espoirs ?
-
Tu sais, Edith, les gens comme nous sont différents. Je ne dis pas
meilleurs, ou plus doués, ou plus intelligents. Comme des millions
d'autres, ils font de la chanson qui a quelque chose à dire. Le
talent consiste à pouvoir le dire, et surtout à avoir les outils
pour le dire. Je pense que ta quête perpétuelle de l'Amour, avec un
grand A, est finalement le masque d'un malaise bien profond, que les
humains ont bien des difficultés à exprimer.
– Ce
serait donc ça va, mes hésitations, mes départs, mes retours, mes
plongées dans l'abîme, mes ongles accrochés à la scène ?
–
Sans
doute, Edith. J'ai lu un jour : « Les chants les plus désespérés
sont les chants les plus beaux »…
–
J'ose,
Jacques : Penses-tu que nous sommes des comédiens et que nous
promenons partout nos masques ? Crois-tu que nous pourrions un jour
mourir sur scène ?
... Ici,
une indication scénique :
Il
baisse les bras, tourne les talons et disparaît, tête basse.
Loïc
6 commentaires:
De vrais artistes qui savaient exprimer leurs émotions sur scène, la chanson de Brel, ces gens là est une de mes préférées
Amicalement
Claude
Etonnant dialogue de ces deux dinosaures de la chanson ...
L'un comme l'autre étaient des jusqu'auboutistes.
Passionnés et passionnants.
Bon début de semaine, sous un crachin ... poitevin ...
Bisoux, bisoux, loïc
Sympa cette fiction théâtrale. Jusqu'au bout de la chanson. Les étoiles ?
chantelogue plutôt :-) ,mardissime
pas de doute, ce sont 2 immortels
Fallait oser les faire dialoguer ces deux-là bravo
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