Ecrimagineur

Je suis heureux de vous accueillir dans mon blog ! Vous y trouverez des textes, de la poésie, des souvenirs de vadrouilles et de voyages intimes, que j'ai écrits, seul ou dans un atelier d'écriture, depuis 2001... J'ai pour sujets d'inspiration un thème imposé, un texte, une photo, un tableau, une musique, ou un morceau de mon existence...
Les "Ecrimages" sont les résultats de ces rencontres entre la lettre et l'image...
Je serai ravi de lire vos commentaires : Merci !
Loïc
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mardi 22 août 2017

A l'abri de la tempête

Je suis né au-dessus d’un bistro : « à l’Abri de la Tempête ».
Ma ville, c’est ma rue, et c’est un terrain de jeux. 


     Les marins et les ports ... ? "Fastoche", pour toi ! pourrait-on me dire. Voire ...

 Fastoche ? Il me serait en effet assez facile de ressasser l'ambiance des romans maritimes, ceux de Pierre Mac Orlan, les chants de marins, et de servir tout chauds des vieux clichés.
 Mais j'écris aujourd'hui depuis les bords de Loire, près d'Orléans : Je viens d'y apprendre - moi qui ne connaissais que les "mariniers" - qu'il existe, ou existait deux marines, sur la Loire : le transport de marchandises, et celui de personnes, présentant de grandes différences dans les modes de travail et surtout dans les mentalités.
 À Brest, quatre "marines" (au moins !) : la Royale (Marine Nationale), celle du Portde (port de Commerce), celle des pontons (la plaisance) et enfin quelques pêcheurs.
    
     Je suis né, baby-boomer, en pleine période de reconstruction d'une ville totalement rasée par les bombardements américains et anglais de la fin de la guerre 39-45, particulièrement ceux du siège, en 1944. Mes parents nous ont parlé, tout au long de notre jeunesse, de cette blessure une tourmente qui les a littéralement traumatisés. Des quartiers disparus, le tram de l'époque, des noms de magasins, le Grand Pont tournant, me sont familiers, même si je ne les ai jamais connus, comme "Barbara", ou la Fanny de Laninon ...
 Il y avait souvent beaucoup de monde, le soir, à "l'Abri de la tempête", dans une rue perpendiculaire à la fameuse rue de Siam. La faune des matafs (marins d'État), qui arboraient leurs bachis au pompon rouge, donnait à l'enfant que j'étais l'impression d'une foule bruyante, animée, mais sympathique et - le plus souvent - joviale et conviviale. Mais parfois jaillissaient des mots, "Indochine", ou"Algérie", et le patron devait briser net les fougueux élans ...
     Je suis né juste au-dessus de ce bistro, dans l'appartement familial, une nuit d'hiver. Je n'ai jamais su s'il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là, ni si la patrouille de la Police Maritime y avait fait une descente. Lorsqu'ils débarquaient, ceux-là, ça ne rigolait pas. Coups de matraque solidement distribués, et ... au poste des punis, après un séjour en cellule de dégrisement ...




     Mon père ne mettait jamais les pieds dans ce bistro. Il n'aimait pas, et on n'appréciait que moyennement sa présence, car il buvait très peu d'alcool. Et surtout : Fallait pas mélanger ! les matafs d'un côté, les ouvriers de l'Arsenal de l'autre, non mais ! Pour leur part, les ouvriers étaient bien plus nombreux à être "casés", pères de famille ... Pas la même vie, pas le même monde.
     Dans ma rue, la rue de Lyon, une fille (une grande, au moins dix ans) fait du hula-hoop pour nous épater (le mot est d’époque). Je crois bien que j’avais le béguin pour elle.
     Devant mon immeuble, une école en construction. Comme toute la ville, d’ailleurs. Partout, des ruines. Parfois, j’entends parler de gens qui ont disparu, volatilisés par une bombe non explosée.
     De ma chambre, je perçois (que n’aurais-je donné pour les comprendre !) les discussions mêlées et bruyantes des ouvriers de l’Arsenal, et parfois dans la rue viennent s’échouer des marins en goguette, qui ont perdu leur cap…
     Régulièrement, passe le rémouleur, avec son triporteur : « Ciseaux, couteaux, coupez ! » ou le vitrier : « Encore un carreau d’cassé, v’là l’vitrier qui passe ! » Nous chantons avec lui… Puis ce sera le marchand de pillou. Lui, avec son sac de pommes de terre sur la tête, nous le craignons un peu…
     Déjà, on voit un nombre assez important de voitures ; celle que je préfère est « celle qui louche » (la Peugeot 102, je crois, qui avait les phares très rapprochés derrière la calandre). Dimanche, nous embarquerons, à six, dans la Juvaquatre offerte par Mémée, qui a gagné à la Loterie Nationale (un billet entier des Gueules Cassées, s’il vous plaît). Direction la côte nord, Argenton, ou Porspoder, les « montagnes russes », les vaches au derrière couvert d’une croûte qui nous fait, c’est une tradition, nous boucher le nez et leur tirer la langue. Chaque fois que nous passons devant un calvaire (c'est à dire à chaque carrefour ou presque), Papa fait un signe de croix.
     Parfois aussi, nous quittons notre fief pour livrer bataille contre ceux de la rue Colbert (les fils de la Haute, les enfants d’officiers). C’est qu’il faut le défendre, notre domaine ! Ou alors, nous nous risquons encore plus loin : Rue Jean-Jo (Jaurès), où, le jour de la Fête des Cornemuses, je suis effrayé par les Grosses Têtes, qui veulent m’attirer vers elles. Plaisirs suprêmes : monter « dans l’escalier roulant » des Nouvelles Galeries, ou aussi remplir, à la tirette, les bouteilles de vin. 
     La dernière image inscrite dans ma mémoire de cette rue de Lyon est, tout au fond, inaccessible, l’Hôpital des Armées, dont le portail s’éloigne, alors que nous déménageons vers un « Petit-Paris » inconnu, presque la campagne, sur la route de Paris.
J’ai sept ans, en 1959. Brest, la suppliciée, se fait reconstruire, lentement, vaillamment.
    ..... 2017. Le nombre d'ouvriers de l'Arsenal s'est réduit comme peau de chagrin. On ne reconnaît plus les matafs dans les rues, car ils sont en civil. La curiosité est attisée lorsque l'on croise un marin étranger en escale : le jeu consiste à reconnaître le pays à l'uniforme.
 Durant mon adolescence, et plus particulièrement en 1968, je ne voulais plus entendre parler des bateaux gris, car j'étais, comme beaucoup alors, pacifiste et antimilitariste. Dans le premier port militaire français, cela faisait un peu désordre ... !

     Mon amour (le mot n'est pas trop fort) allait au port de commerce. Les noms des navires, leurs pavillons, leurs équipages, que je rencontrais sur les quais, m'invitaient aux voyages, comme un Marius breton. Je restais de longs moments à tenter de deviner l'origine du bateau, sa cargaison, creusant ma mémoire des cours de géographie économique et humaine.
 J'ai depuis, bien sûr, rangé la Mobylette qui, à défaut des océans, me menait presque tous les jours au Portde.
Les tas de charbon ont disparu, les petits bistros aussi. Une grande salle d'animations culturelles les a remplacés.
 Perte de l'âme d'une ville ? Nostalgie, quand tu nous tiens ... Qui a écrit "sans passé nous n'avons pas de présent" ?


     Ah, j'oubliais : "À l'abri de la tempête" est à présent une agence du "Crédit Patate", comme on dit à Brest.

jeudi 4 mai 2017

Mots interdits



Lors de notre visite du beau parc botanique de Boutiguéry, à Gouesnac’h, dans le sud Finistère, Géraldine a proposé à notre groupe d’écriture de produire un texte à propos de ce parc, mais avec l’interdiction d’utiliser les mots suivants :
Arbres –fleurs – sentier – bois – feuilles – beau – parc – marcher …
Le domaine de Boutiguéry, ICI
………………………
Ronds, rondouillards même, ou élancés, majestueux ou discrets,
encore dénudés ou déjà revêtus d’une verdure qui tremble doucement au vent,
les rois de la forêt nous saluent lors de notre cheminement
à travers le site arboré et floral de Boutiguéry, une merveille.
Ici, tout est calme. Seuls troublent le silence les pépiements et les chants des oiseaux.
Les multiples couleurs, en une harmonieuse palette, subliment la nature.
Calme, volupté, lâcher prise, renaissance.

lundi 9 janvier 2017

Une boîte, mais aussi ...

On a pu lire récemment, dans la presse locale 
du Sud-Finistère, l'information suivante :

En octobre 2016 : Une boîte, mais aussi un bar à strip-tease.

La zone de Troyalac’h*, aux portes de Q, va s’encanailler. Une discothèque et un bar à strip-tease sont en projet.
La société XXX, qui gère déjà le M à L, s’implante dans le Finistère. Elle reprend des locaux inoccupés, à proximité de l’entreprise FB, dans la zone de Troyalac’h à YYY.
Le projet, aux portes de Q, le long de la Nationale 165, est déjà bien engagé selon son gérant, qui pour le moment tient à garder l’anonymat. Les noms sont choisis. Ce sera la Chrysalide pour la discothèque et le Darling Strip club pour le bar à thème.

Les permis de construire, déposés mi-septembre sont en cours d’instruction. L’ouverture de la discothèque est prévue pour la mi-avril, au plus tard début mai. Il est aussi prévu que la discothèque accueille des « boums anniversaires », les mercredis et samedi après-midi, ainsi qu’un public plus âgé, deux dimanches après-midi par mois. La partie du bâtiment destinée au bar à strip-tease peut déjà accueillir du public et pourrait ouvrir avant la fin de l’année. Le bar fonctionnerait uniquement en semaine à partir de 20 h. Les deux établissements pourraient créer une quinzaine d’emplois.

*Précisions importantes :
1) La zone de Troyalac'h est une zone industrielle périphérique de la ville de Q.
2) "Troyalac'h" signifie, en breton, "Coupe-la-bourse". On peut en déduire que ce lieu était autrefois un endroit réputé pour être un coupe-gorge, un repaire de voleurs ou pire ...


Janvier 2017 : La société XXX projetait d’ouvrir un bar à strip-tease en fin d’année 2016, zone de Troyalac’h, à YYY. L’instruction du permis de construire est toujours en cours. « L’arrêté devrait intervenir avant le 15 février, date butoir après cinq mois d’enquête. Ensuite, nous pourrons commencer les travaux. Nous n’envisageons pas une ouverture simultanée des deux établissements avant mai ou juin », indique le propriétaire des lieux, Mr. X.

Alors voilà : Comme vous pouvez l'imaginer, cette info a fait un effet boeuf dans la région, pour des raisons évidentes OU NON. Et on a fait appel à des personnes compétentes pour donner leur avis sur ce sujet. Le problème (au moins pour moi) est que l'on m'a, dans le lot, désigné pour donner "mon accord" ou "mon veto".
Complètement désemparé, je viens vous supplier de m'aider, en me glissant, en commentaires, vos points de vue (sérieux ... ou moins !)
Humour permis et fortement suggéré, bien sûr. Merci d'avance.

samedi 24 septembre 2016

De Molène à Sein.

Pierre Denic, "de Molène à Sein", Fort de Sainte-Marine, Finistère

Une île en vue …
La mer est grosse, aujourd’hui. Molène est en vue. Le débarquement sur la digue sera difficile. Mais le ciel est bienveillant, pur, diaphane. Quelques minutes de bleu transparent, puis on passe au vert bouteille des vagues agitées. Gare aux esquifs, taches brunes toujours traîtresses.
Molène est pour moi une étape sur la route d’Ouessant. Molène, l’inconnue que je me suis promis de visiter un jour. Molène les vacances, « le Caillou », disent les Ouessantins. Ouessant la fière, la secrète, la sombre, le tempérament, mais aussi l’accueil, la chaleur humaine. Ouessant, où le travail m’attend.

Le peintre :  Pierre Denic. Un aperçu de ses toiles, ICI

mercredi 7 septembre 2016

Qu'on se le dise ...

Un des bonheurs si simples et si rares dont Internet peut nous faire cadeau est la rencontre avec "les autres". 
Les autres ? celles et ceux qui nous lisent, apprécient, et franchissent le pas : Ils (elles) nous contactent, et ... longues conversations, découvertes d'atomes crochus, échanges parfois plus intimes, plus émouvants ...

Marie-Hélène nous invite (et surtout les habitants 
de la côte nord du Finistère) 
à partager, à Saint-Pabu, le 29 septembre.
QU'ON SE LE DISE !
 à voir ICI, un extrait de "La petite plage".

jeudi 5 mai 2016

Fil rouge sur « jardin et jardins »



Fil rouge sur « jardin et jardins »
……….
‘Il était à fleur de peau’ (incipit), n’en pouvait plus, allait craquer. On avait fait venir au théâtre des hordes d’ados, certains déchaînés comme ils – ou elles – savent l’être, et tous rivalisaient pour piailler comme des corneilles, lors des instants lesquels ils délaissaient leurs smartphones…
Vite, ouvrez le rideau, je ne me retiens plus !
……….

‘Une jolie fleur dans une peau de vache…’ (à utiliser au sens propre)
Elle n’est pas bien réveillée, ce matin… Ou alors, c’est le grog d’hier soir ? Ce steack paraît excellent, juste à point, mais cette odeur : insupportable, mais aussi tellement incongrue !
Elle flotte entre les frites ; la sauce semble irisée, comme des traces de mazout sur une mer calme.
Elle attaque la viande, commence le dépeçage, ayant en horreur le gras autant que les morceaux ‘chewing-gum’.
Soudain un parfum se dévoile sans prévenir, presque agressif : une magnifique rose, rouge comme il se doit ici, s’ouvre largement, éblouissante, surmontée d’un délicat brin de persil…
Ah mais oui ! C’est aujourd’hui, le printemps !
……….

Un slam, avec mon prénom.

Je m’appelle Loïc
Dit le magnifique
Mais c’est l’hystérique
L’apocalyptique
Le dithyrambique
Sois donc poétique
Mais pas dramatique
Et retiens tes tics
Toi le colérique
Pas de politique,
Sinon on te nique
Chic ça tombe à pic
Je vais à Pornic
Ou bien à Binic
Pas si tyrannique
Pas un p’tit moustique
Pas une méchante tique
Tellement pacifique
                             Qui chante sa musique                              


« Jardinothérapie » ?

Dans ce grand jardin
Mais oui c’est le mien
Souvent ça dépote
Car je pense aux potes
Hélas je suis loin
De tout ce tintouin
Qu’on a fait honteux
En ville du Levant
En vain il m’appelle
Donne de ses nouvelles
Et ses feuilles tremblantes
Paraissent implorantes
Occupe-toi de moi
Laisse donc là ton moi
Tes lointains émois
Le talus le lierre
Une vraie misère
Réclament ta présence
Que l’eau abondante
Te donne l’envie
De prendre ta vie
En main
Merci mon jardin
  

Loïc R.
 

vendredi 29 avril 2016

J'observe une séance dans l'atelier d'écriture

Ce qui m'étonne…

"Ce qui m'étonne, sur cette photo" : 

Cette profonde concentration, chez chacun et chacune de ces écrivants et écrivantes.
Chaque regard (mais beaucoup ne sont pas visibles, hélas, car les têtes sont penchées en avant) exprime à la fois un lâcher prise, une introversion et une communion autour d'un même sujet, qui resserre les liens. Mais ce peut être aussi un « chacun pour soi » provisoire, qui donnera lieu, au moment de lecture, à des retrouvailles, à des redécouvertes. En attendant, on soutient la tête, lourde, si lourde…
Ce qui m’étonne aussi : Une seule personne ne semble pas concernée : elle s'est retournée, dérangée par un homme étranger à l'atelier d'écriture. Mais elle retrouvera bien vite le bourdonnement de ses neurones et les chuintements de ses méninges, et replongera dans les mystérieux et délicieux grattements du stylo, dynamiques et hypnotiques.
«  Bon, nous allons lire, à présent, puisque que tout le monde est prêt ».
Le charme est rompu.


«  Attribuons des bulles » aux personnages, ou « le jeu des didascalies ».

«   Françoise vient d’énoncer sa consigne : « Vous allez maintenant faire parler vos personnages… »

«   Je suppose que chacun a quelque chose à dire mais, puisque que vous êtes huit, nous allons faire un tour de table en commençant par la gauche…
.................................................
«  Bon, il faut que je m’y mette ! Et cette fois, je m'efforcerai de ne pas me dévaloriser en affirmant que vous tous écrivez mieux que moi ! »
«    Oh, j'ai oublié d’écouter ! Françoise, tu veux bien faire comme si je n'avais pas bien compris ta consigne ?
«  – Oui, je sais, je me cache, mais vous parviendrez bien à reconnaître mon style, non ? »
«  – Et, dites donc, moi je suis déjà partie, vous savez ! Il est temps de vous lâcher ! Bouchez vous les oreilles, ça vaut mieux, si nos remarques à voix haute vous dérangent ! …
« - Eh ! j'ai une panne de stylo ! Au secours !
«  - J'espère que vous allez être bien inspirés, allez, on se concentre …
«   -Tu sais que tu commences à m'embêter, toi, avec tes sujets à dormir debout ?
«  –Vous me troublez, avec vos papotages. Taisez-vous, je vous en prie ! …