Après une parenthèse assez longue (nous avons "bûcheronné" à tout-va durant trois semaines !), voici un épisode - une "simple anecdote" ? je ne le pense pas - de ma vie.
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« Un livre… »
Le livre, cet ami, même s'il n'est que de papier… Il est
souvent, lorsqu'on en a adopté un, le soutien, une béquille parfois, qui aide à
tenir, à soutenir ses convictions, à corriger ce qu'on se prend à considérer
comme des déviances, des mauvaises pentes…
Cet adolescent, à 16 ans, a quitté sa ville, pour débuter
ailleurs - oh, ce n'est pourtant pas bien loin, 80 km - un apprentissage
professionnel. Il est souvent, et même de plus en plus en permanence,
complètement dépassé. Étourdi, perdu, par tout ce qui l'entoure, par tout ce
qu’il découvre, de jour en jour, de la vie du travail, de la très prochaine et
terrifiante sortie de l'école. Il reçoit aussi, en pleine figure, les
contradictions, et même les virulentes attaques contre ce qu'il a toujours
entendu à la maison. Famille très traditionaliste, avec laquelle il a souvent -
avec plaisir d'ailleurs - discuté, inspiré sans doute par les récents
événements de mai 1968. Il était déjà interloqué, désorienté : normal, dit-on,
à 16 ans. Mais, face à ces points de vue, dans cette grande école, il perd
toutes ses références, ses repères.
Alors s'installe à son insu, la dépression. Grave, profonde,
pas le « petit coup de déprime » passager.
Il se trouve ce jour-là en cours de français, face à ce prof
qu’il déteste, ce personnage imbu de lui-même et méprisant… Sujet du jour : « Vous
avez choisi de partir vivre sur une île déserte, pour le restant de vos jours.
Quel livre emportez-vous ? »
Réponse immédiate, spontanée, évident, vitale : « LE Livre,
la Bible »
L'éclat de rire tonitruant du professeur l’a blessé à vie.
Tant d'années plus tard, en est-il remis ? …
Loïc R., mars 2013