Par
la fenêtre, je vois le brouillard, familier, habituel, un compagnon
de voyages, de rêvasseries en échappées, d'espoirs en illusions.
En
bas, des jeunes femmes poussent les landaus ou les poussettes, sur
une belle allée plantée d'arbres alignés, plantés après la
guerre pour tenter d'apporter un peu de vie et d'espoir en l'avenir à
la ville meurtrie. Au
loin, là-bas, la terre pénètre l'Atlantique. Depuis
que papa a pu offrir à notre famille une 203 « commerciale », nous
nous rendons parfois sur cette presqu'île, notre lieu
d'évasion. Quelques kilomètres par la mer, mais cent par la route !
Une
terre encore épargnée de tous les tracas de la ville
"béton-bitume", fracassée, que les habitants ont
réinvestie, se frottant les yeux pour effacer à jamais les démons
et les traumatismes.
Sur
notre presqu'île aussi naissent des enfants, des baby-boomers, et
ils courent à travers les champs, en chantant, et même en sifflant
: Je suis si fier d'avoir appris !
Ici,
autour du calvaire, nous nous ressourçons autour d'un vrai paysage
de Bretagne. Les femmes en noir qui sortent de l'église puis
s'assoient pour commérer sur les bancs de pierre ont toujours été
là, n'ont pas interrompu leurs conversations, jamais, semble-t-il.
Tout est couleurs, calme, sérénité. Devant le collège privé, les
"Frères à quatre bras" accueillent les adolescents en
culotte courte qui accourent comme des piafs.
Les
jeunes du bagad Bleuniou Sivi ("fleurs de fraises")
accordent consciencieusement leurs cornemuses : fini le calme, mais
bientôt le concert !
Mais
... Mon regard s'était perdu dans le vide.
Une
image apparaît, furtive, incongrue, très dérangeante, menaçante.
Un fantôme ? un mirage ? Un cauchemar ?
Fermée,
la fenêtre; tirés, les rideaux.
Ce
sous-marin est venu tout gâcher.
9 commentaires:
Il faut très peu de chose pour briser un rêve
Amicalement
Claude
euh ... un sous-marin (nucléaire), "très peu de chose" ?
ho dommage ce rêve interrompu !
un vilain sous marin fait sombrer ses idées-
bon week-end- amitiés -
Surprenante histoire !
du côté de Brest donc. Moi j'ai connu la même chose à Lorient, ou plutôt côté Port-Louis à la sortie de la rade. PS : chouette le bagad bleuniou, j'ai zieuté sur le net
Je vois que tu connais. la fenêtre est celle (imaginaire) d'un appartement du boulevard Gambetta, au-dessus de la gare et du Cours Dajot, face à la rade. Au fond, les terrains militaires, l'île Longue et ses secrets militaires, ses sous-marins atomiques ...
merci !
Ah si vue sur un terrain militaire...le sous-marin s'explique donc, bon dimanche Loïc, jill
retour dans la "vraie vie", fin du rêve...
La chute est brutale et donne toute sa force à cette rêverie nostalgique d'un temps révolu, hélas...
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