Ecrimagineur

Je suis heureux de vous accueillir dans mon blog ! Vous y trouverez des textes, de la poésie, des souvenirs de vadrouilles et de voyages intimes, que j'ai écrits, seul ou dans un atelier d'écriture, depuis 2001... J'ai pour sujets d'inspiration un thème imposé, un texte, une photo, un tableau, une musique, ou un morceau de mon existence...
Les "Ecrimages" sont les résultats de ces rencontres entre la lettre et l'image...
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Loïc

lundi 2 décembre 2013

Après l’audition de : « Coin de rue », de Charles Trenet.


Après l’audition de : « Coin de rue », de Charles Trenet.

Ma rue, c’était la rue de Lyon, cernée par l’église Saint-Louis et l’hôpital des armées. Une rue très vivante grâce à la présence de halles, les halles les plus chics de Brest, dans ce quartier le plus huppé de la ville.

Le policier – appelé l’hirondelle – passe à vélo dans une circulation encore assez restreinte, et interpelle joyeusement les gars et les marins qui sortent de « L’abri de la tempête », le bistrot au-dessus duquel je suis né. En face de ce bar, une école en construction, cruel souvenir d’un accident qui me cloua plusieurs semaines dans un landau, le genou blessé…

De temps en temps passent encore des marchands ambulants : le rémouleur (« ciseaux, couteaux, affûtés ! », Le marchand d'pillous (les chiffons), et, plus rarement, le joueur d’orgue de Barbarie qui tourne « Coin de rue », de Charles Trenet, en distribuant des feuilles pour les paroles. Moi je circule à trottinette parmi tout ce monde, parmi les filles qui jouent du hula-hoop, et je passe mon temps avec les copains, a escalader les escaliers non terminés des immeubles en construction. Le trolleybus électrique passe doucement, presque silencieusement, semblant poussé par ses trolleys, les perches qui puisent l’énergie sur les câbles suspendus, et qui se décrochent, trop souvent. Dans les petits magasins, tout le monde se connaît, s’interpelle, plaisante, gronde… Une ambiance de village, encore en ce temps-là…

Le soir, l’hirondelle est remplacée par une patrouille militaire, bien moins sympathique, et de temps à autre nous avons le plaisir d’entendre des langues étrangères sur le trottoir. Les marins, semblant comploter, se dirigent vers la rue louche qui nous est interdite. Que peut-il bien s'y passer ? « Secret militaire ! », dit mon père…

Aujourd’hui, « L’abri de la tempête » est une compagnie d’assurances, et l’épicerie/cordonnerie/boulangerie/crémerie est une banque, mais mes souvenirs sont toujours là.

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