Ecrimagineur

Je suis heureux de vous accueillir dans mon blog ! Vous y trouverez des textes, de la poésie, des souvenirs de vadrouilles et de voyages intimes, que j'ai écrits, seul ou dans un atelier d'écriture, depuis 2001... J'ai pour sujets d'inspiration un thème imposé, un texte, une photo, un tableau, une musique, ou un morceau de mon existence...
Les "Ecrimages" sont les résultats de ces rencontres entre la lettre et l'image...
Je serai ravi de lire vos commentaires : Merci !
Loïc

lundi 12 octobre 2015

Coin de rue

Ma rue à moi, c’était la rue de Lyon, cernée par l’église Saint-Louis et l’hôpital des armées. Une rue rendue très vivante grâce à la présence de halles, les halles les plus chics de Brest, dans ce quartier le plus huppé de la ville. Le policier – appelé l’hirondelle – passe à vélo dans une circulation encore assez restreinte, et interpelle joyeusement les gars et les marins qui sortent de « l’abri de la tempête », le bistrot au-dessus duquel je suis né. En face de ce bar, une école en construction, un cruel souvenir d’un accident qui me cloua plusieurs semaines dans un landau, le genou blessé… De temps en temps passent encore des marchands ambulants : le rémouleur (« ciseaux, couteau, affûté ! », le pilaouer (celui qui récupérait les vieux chiffons), et, plus rarement, le joueur d’orgue de barbarie qui tourne « au coin de la rue », de Charles Trenet, en distribuant des feuilles pour les paroles. Moi je circule à trottinette parmi tout ce monde, parmi les filles qui jouent du hula-hoop, et je passe mon temps avec les copains, à escalader les escaliers non terminés des immeubles en construction. Le trolleybus électrique passe doucement, presque silencieusement, semblant poussé par ses trolleys, les perches qui puisent l’énergie sur les câbles suspendus qui se décrochent, trop souvent. Dans les petits magasins, tout le monde se connaît, s’interpelle, plaisante, gronde… Une ambiance de village, encore en ce temps-là… Le soir, l’hirondelle est remplacée par une patrouille militaire, bien moins sympathique, et de temps à autre nous avons le plaisir d’entendre les langues étrangères sur le trottoir. Les marins, semblant comploter, se dirigent vers la rue louche qui nous est interdite. Que peut-il bien s’y passer ? « Secret militaire ! », dit mon père… Aujourd’hui, « l’abri de la tempête » est une compagnie d’assurances, et l’épicerie/cordonnerie/boulangerie/crémerie est une banque …

10 commentaires:

Martine85 a dit…

Beau souvenir d'enfance. Brest était la ville de naissance de mon grand père paternel qui y a vécu toute son enfance et sa jeunesse et s'est mariée avec une quimperoise.

almanito a dit…

Hé oui, c'est comme ça qu'on fait mourir les villes, en y installant des banques et des compagnies d'assurances sans âme. J'adore tes récits de souvenirs, ça me rappelle ce que ma mère me racontait des petits quartiers de Paris dans sa jeunesse. Tout un état d'esprit perdu à jamais, je le crains...

Tizef a dit…

J'aime retrouver et "dire" ces souvenirs, car ils sont bien sûr attachés à des moments de mon enfance heureuse durant les années 50 ...

Jeanne Fadosi a dit…

merci pour ce joli texte : tu nous embarques avec lui au coin de ta rue
nb et l'esperanto ?

Tizef a dit…

Pour Jeanne : Le N&B de mon enfance, celui des films des années 50 ...
et le vert de l'esperanto (esperanto = celui qui espère)...
J'embarque qui le veut, dans mes rêves !
Loïc

Tmor a dit…

Les lieux ont leur histoire. Les oublier c'est passer à côté de beaucoup de choses...

margi a dit…

Rhaaaaa ! très beau texte ! C'est comme si, tu avais pris des photos à cette époque, à la hauteur de l'enfant que tu étais et avec les mêmes yeux.
Le temps a passé, les choses ont bien changées, Est_ce de la nostalgie, du pathos, je ne sais pas... Je ne sais plus bien où je suis aujourd'hui...
Belle journée à toi Tizef et merci.

Jonas D. a dit…

Mémoire déchirée, voile sur le vent d'hier, nous sommes tous ces marins que l'histoire fait voguer, chacun à sa place. Beau récit Loïc. Jonas

enriqueta a dit…

Un lieu très sympathique. J'ai mis du temps à revenir sur ton blog car j'ai été malade.

Anonyme a dit…


Bonjour Tizef !

Cela fait toujours un petit pincement au cœur
quand on revit ses jeunes années !
Sans être fan de Trénet, j’aime bien cette chanson !

Bonne journée !

Rotpier

http://rotpier.over-blog.com