Alexandre Séon |
Ce jour, rien ne sera droit, ni mes idées, ni ma voix, ni
les voies que je dois emprunter pour émouvoir. Ce bois de bouleaux, si familier,
résonne habituellement de chants lyriques, ma passion, dont j’ai fait ma
profession.
Mais le lieu a revêtu soudain une chape sinistre, déshumanisée,
mortifère. Encore cette fois, nous nous étions fixé rendez-vous en cet espace d’imagination,
de méditation, et d’inspiration. Notre amour en était le moteur, il était la
raison d’être de nos efforts, et notre récompense. J’avais choisi ses fleurs
préférées, les plus tendres, les plus romantiques.
De son piano n’émanent que des rêveries, des charmes
indicibles. Elle ne s’accorde des exceptions que lorsqu’elle m’accompagne,
lorsque la partition l’exige …
Les bouleaux sont les seuls témoins de mon accablement, de
ma détresse. Pourquoi, cette absence dans notre paradis secret ? A-t-elle
renoncé, minée de moqueries, d’humiliations, d’indignations à peine voilées ?
A-t-elle cédé, accablée, sous le poids sans merci des pressions, des préjugés,
des intolérances ?
Je chanterai seule, ce soir.
LOIC
Alexandre Séon, ICI/CXI-TIE
Esperanto :
Ĝis nun, nenio estos prava, aŭ miaj ideoj aŭ mia voĉo aŭ la vojoj ke mi devas prunti movi. Tiu arbaro tiel familiara, kutime resonas lirikaj kantoj, mia pasio, kies mi faris mian profesion.
LOIC
Alexandre Séon, ICI/CXI-TIE
Esperanto :
Betuloj (muzeo de Belartoj en Quimper, "ideala beleco", elego kun la ateliero 'Sxaumo de voroj')
Sed la loko subite surmetis sinistran hxormantelon, deshumanizadan, mortigan. Denove ni starigis tiun spacon de imago, meditado kaj inspiro. Nia amo estis la motoro, ĝi estis la celo de niaj klopodoj, kaj nia rekompenco. Mi elektis sian ŝatatajn florojn, la plej malfortaj, la plej romantikaj.
Lia sola piano emanas el sonĝoj, netakseblaj ĉarmoj. Ŝi konsentas ke kiam escepton kun mi, kiam postulataj per la partituro ...
La betuloj estas la solaj atestantoj de mia premegeco, mia mizero. Kial, tiu manko en nia sekreto paradizo? Ĉu rezigneblaj, subfosis mokado, humiligo, kolero kaj vualitaj? Ĉu estas superŝutita sub premo, antaŭjuĝo, netoleremo?
Mi nura kantos, nokte.
11 commentaires:
Très beau texte, pudique et délicat. C'est vrai, aujourd'hui encore, nous sommes au moyen-âge de la tolérance...
J'aime bien le tableau, son petit côté Nabi, je ne sais plus auquel il me fait penser, Odilon Redon? Puvis de Chavanne?
J'ai découvert Alexandre Séon la semaine dernière, au musée des Beaux-Arts de Quimper. Les couleurs très fades, et les attitudes figées des personnages m'ont un peu surpris, mais bon ... https://fr.wikipedia.org/wiki/Alexandre_S%C3%A9on
LOIC
Voilà un bain de mots tout en fragilité. Un piano, une voix... Comment imaginer qu'on ne puisse les unir, qu'on puisse les désunir, qu'on puisse ne pas accepter que derrière le chant, derrière les mains sur le clavier, vivent des tendresses qui se reconnaissent et qui tentent de s'exprimer dans une civilisation (démodée) de jugements et de cris. Je ne connais pas ce peintre (début du 19è ?), mais le pastel de sa toile exprime assez le romantisme soyeux qui a inspiré ce joli texte. Merci. Jonas D.
Bonjour Loïc !
C'est du bon ... boulot ! J'aime cette peinture toute en nuances !
Bon après-midi !
Pierre
Belle ode au chant, pas si solitaire vu qu'on le partage ici. A quand entendre ton autre voix ? Bon week end.
Merci pour ce beau commentaire !
Voici des renseignements sur le peintre : https://www.google.fr/search?q=alexandre+s%C3%A9on&ie=utf-8&oe=utf-8&channel=fs&gws_rd=cr,ssl&ei=Qbq8VffoGoL4ULKPovgH
un fort beau texte, j'aime son ton délicat ....Le personnage me dérange car selon moi sa présence statique et apparemment anxieuse confère une aura un peu effrayante à cette foret d e bouleaux, à cause de son côté hagard et la tension d e son attente....j'essaie d'imaginer juste une forêt , troncs blancs rectilignes levés vers la nuit pleine d e profondeurs....mais ton texte éclaire d' une belle histoire tendre et triste cette toile prenante.
Ces couleurs que tu trouves très fades rendent bien l'atmosphère que l'artiste a voulu traduire je trouve, mais bon en peinture, à chacun son ressenti.
Bonsoir Loïc. Une jolie broderie autour de ce tableau, et de cette jeune femme qui semble hésita te....
un bien beau texte tout en délicatesse qui va bien avec ce tableau aux teintes pâles et aux postures arrêtées dans leur mouvement.
Un texte qui résonne avec cette triste actualité de l'intolérance et le décès de l'une des jeunes poignardées quelque part dans le monde mais pas n'importe où.
Très belle interprétation, triste et nostalgique.
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