Pierre a repris la tête
de la marche. Cette
fois il marche d’un pas bien plus assuré, comme si ses déclarations l’avaient
libéré,
lui donnant des ailes. Louis et son fils le suivent, impressionnés, s’interrogent, se
regardent souvent, sans trouver que dire. Ce trajet semble interminable. D'un
sentier de forêt,
ils atteignent progressivement le bord de ce qui est « normalement » un lac. Plus aucune trace de vie, si
ce n'est un amoncellement de détritus
de toutes sortes répandus
sur le fond, jetés par des passants indélicats.
Un embarcadère,
près de la
passerelle du départ
du ski nautique. Pierre reprend la parole, tous s’arrêtent de nouveau, se
figent.
«
En 1930, la mise en eau était terminée, Julien n'avait plus aucun espoir de
garder son travail, d’autant que le canal allait être
incessamment fermé à la circulation. Il trouva bien par
intermittence des travaux en louant ses services comme journalier, errant de
ferme en ferme. Cela ne dura qu'un temps, car cette situation lui était insupportable.
Mon père repéra alors l'embarcadère : Un ancien
langoustier, le Sans-Gène, avait, avant la fermeture du
canal, été racheté, remis en état et conduit de
Croix-de-Vie, en Vendée,
jusqu'à Brest.
On l’avait rebaptisé le Gwen ha Du, et dirigé
avec des précautions
infinies jusque Guerlédan. Il remplirait dès lors les
fonctions de ‘’bateau
de tourisme’’, faisant à
longueur de journée,
en été, le tour du lac… Julien y trouva un
emploi de matelot-mécanicien,
qui lui convenait bien mieux.
Je me souviens bien : Il semblait avoir débusqué un vrai travail, il s'y investissait. On le voyait même … sourire, assez souvent !"
Je me souviens bien : Il semblait avoir débusqué un vrai travail, il s'y investissait. On le voyait même … sourire, assez souvent !"
à suivre ...
8 commentaires:
1930: Déjà les reconversions dans le monde du travail!
N'est - ce pas fréquemment le lot de nos jeunes aujourd'hui?
Julien semble cependant satisfait de promener les touristes autour du lac à bord du Gwen ha Du; mais...
Nous attendons la suite avec impatience!
Bonne journée.
Jeff
Merci, Jeff, pour ce commentaire !
1930, oui, et la fameuse crise ... Aujourd'hui, cela ne s'est pas arrangé, c'est le moins que l'on puisse dire !
Et en 1930, on peut se poser la question : Est-ce que les syndicats n'étaient pas bien mieux implantés, et plus efficaces que de nos jours ? Long et périlleux débat ... !
Petite histoire et Grande Histoire se mêlent. Celle des mutations. J'apprécie. Je viens de lire un ouvrage de théâtre d'un camarade qui traite de la "rurbanité" très intéressant. Vivement la suite. On plonge !
Trouver l'emploi qui nourrit et donne une satisfaction motivante, de nos jours encore même combat.... merci Loïc...
déjà randonné autour de ce lac mais jamais vu à sec
J'aurais aimé que cela s'arrête là : une belle fin hélas j'ai bien peur que ce bonheur ne dure pas.... A voir.
Nous approchons de la fin, Martine ...
LOIC
Le sourire de Julien fait du bien, tout comme l'initiative de Pierre ! Il a raison d'être fier, maintenant, Julien sur son Gwen Ha Du. Du travail, point de chômage ! Profitons-en avec lui, cela durera-t-il ?
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