D’après « contre », de Mitsuharo Kaneko : « et
vous vous êtes contre quoi, et pour quoi ?… »
Au début, on est pour. Pour la bagnole qui démarre sans
rechigner, quand le matin gèle. Pour l’enfant qui dit oui, sans se plaindre,
sans moufter, car il a trop peur. Puis on est contre, parce qu’il a peur,
l’enfant. On est contre cette lâcheté, qui ose nous permettre d’être aussi
odieux.
Contre toutes les abominations les plus abjectes, mais si
elles m’arrangent, je suis pour…
Je suis contre tous ceux qui sont pour, systématiquement
pour, pour obéir, pour ne pas se poser de questions, pour bien dormir, blotti.
Pour se blottir entre les lectures à l’eau de rose et les histoires
lénifiantes. Être contre tous ceux qui ferment les yeux (c’est si facile). Être
pour qu’on mette l’autruche au menu de tous les festins.
Racisme, xénophobie, exploitation, antisémitisme,
homophobie… Tous des mots en « contre » !
Mais si l’on veut se remuer « pour », n’est-il pas
nécessaire de commencer par faire une liste de ses propres « contre », pour en
être mieux convaincu ? Ensuite – et ensuite seulement – on pourra affirmer
: « Je suis pour », ce qui est tout de même bien plus positif !