Je n'oublierai jamais.
Je n'oublierai jamais le petit cadre
carré en plastique de couleur crème, seul ornement du mur de ma chambre, juste
au-dessus de mon lit, avec son petit « Jésus chérubin ». Je lui faisais
chaque soir un baiser, après ma prière. Je disais « la photo du jus », et ma
mère riait. Je pouvais alors m'enfoncer sous les draps, après le rite du « faire
un trou ».
Je n'oublierai jamais le carillon des
billes qui s’entrechoquaient sur la cour de récréation, ni les courses
cyclistes des capsules, parées du drapeau du pays des concurrents. Mon idole
était un certain Rudi Altig, parce que j'aimais bien son nom. Les copains ne
l’aimaient pas, et me reprochaient d’aimer un Allemand.
Je n'oublierai jamais le grammophone
de ma tante. Nous avions le droit de le mettre en marche, en tournant la
manivelle, la reprenant lorsque le disque ralentissait. Mais défense de marcher
auprès de la machine, dont le gros bras, très lourd, pouvait causer des
rayures. Puis cet antique grammophone fut dépassé, et c'était tant mieux car il
ne pouvait accueillir que des 78 tours, et presque uniquement des airs
d'opérette : La période yéyé avait débuté, place aux tourne-disques !
Je n'oublierai jamais que mon père
prenait des airs de conspirateur, arborant son petit sourire malicieux lorsque
s’approchait la période de Noël. Je n'ai su que bien plus tard qu'il pouvait,
pour l'occasion, utiliser des chutes de plaques de métal à son travail. Le Père
Noël m’offrit alors un superbe Tôlé Citroën, comme un vrai, à l'échelle, un grand
comme mon bras, gris, avec sur le flanc les lettres DCAN. J'y pense aujourd'hui
en regardant le feuilleton « Louis la Brocante »…
Je n'oublierai jamais que j’ai appris
seulement le jour de sa naissance que mon petit frère venait d’arriver. Ces
choses-là ne se disaient pas. Je ne m'étais rendu compte de rien…
Je n'oublierai jamais ?
Loïc
Qu'ils sont doux mais aussi très émouvants nos souvenirs d'enfance. C'est amusant j'aimais beaucoup le tour de France et je me rappelle aussi de Rudy Altig. Un nom très marketing comme on dirait aujourd'hui ! Je fais une pause blog pour quelques semaines. Amicalement
RépondreSupprimerSympa cette liste à la Pérec. C'est vite touchant car on rentre dans l'intimité de l'autre. Merci pour ce partage.
RépondreSupprimerCe sont souvent les souvenirs les plus marquants (en positif ou en négatif) qui restent, nous berçant ou nous dérangeant...
RépondreSupprimerBonne pause, et à bientôt, amicalement
La "liste à la Pérec" est un execice auquel nous nous livrons, de temps en temps, à l'atelier d'écriture "en live" de Fouesnant. J'aime bien car cela donne une ligne, un fil rouge Merci, Tmor
RépondreSupprimerhttps://ecumedesmots.wordpress.com/
oui un exercice à la Perec qui fait du bien pour se rappeler le bon et le moins bon de ces lointaines années. Un texte émouvant. merci pour la partage
RépondreSupprimerOh, tellement beau et émouvant!!! Bise et bon samedi dans la joie!
RépondreSupprimertous les souvenirs d'enfance sont émouvants, parce que baignés de candeur ; on croit parfois avoir oublié, mais quand on commence à tirer sur le fil, toute la pelote se dévide
RépondreSupprimerah le superbe texte ! On est tous un peu nostalgiques de ces moments là même s'ils furent parfois un peu rudes. Mais qu'est devenue cette Citroën ? On aimerait tant pouvoir la voir...
RépondreSupprimerLe tôlé Citroën a disparu depuis longtemps, Caphys ... Hélas
RépondreSupprimerUn joli petit texte sur les souvenirs d'enfance. Nostalgie quand tu nous tient :) Bonne journée
RépondreSupprimerCes souvenirs sont des trésors, mine de rien beaucoup d'entre eux ont construit nos vies. Jolie évocation, Loïc, douceur et drôlerie comme toujours.
RépondreSupprimerTrès bel incipit ! Ce qui est grandiose dans les souvenirs c'est qu'on s'approprie malgré nous ceux des autres ... J'aime ça et j'ai aimé lire les tiens ...
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